L’Europe franchit une étape historique dans la lutte contre la pollution plastique

Opinion rédigée par Thomas de Groote, fondateur et PDG de River Cleanup

L'Europe détourne le plastique - Chaque année, des millions de tonnes de déchets plastiques provenant d'Europe aboutissent dans des pays extérieurs à l'UE. Là-bas, le plastique finit dans des décharges ou est incinéré, un processus toxique qui libère des toxines dans la nature. Le Parlement européen met aujourd'hui un terme à cette situation en votant une interdiction historique de l'exportation des déchets plastiques. Désormais, les pays de l'UE seront obligés de prendre leurs responsabilités et de traiter leurs propres déchets. Un pas dans la bonne direction, mais la route est encore longue.

Le Parlement européen vient de définir un cadre clair pour une politique d'exportation des déchets plus responsable, plus transparente et mieux appliquée. Des règles plus strictes en matière d'exportation de déchets plastiques devraient protéger l'environnement et la santé publique. Avec cette interdiction d'exportation, l'Europe veut encourager les plastiques à être utilisés moins, différemment et mieux, et à construire davantage d'usines de recyclage. Un vent nouveau et positif va bientôt souffler en dehors de l'Union européenne : les entreprises de traitement des déchets dans les pays tiers doivent désormais respecter les normes européennes elles aussi. La prochaine étape ? Convaincre également les 27 États membres de suivre les traces de 92,5 % de leurs députés européens. À suivre, donc, pour sûr.

La Belgique, véritable plaque tournante

Les chiffres ne mentent pas. Selon la base de données Comtrade2 des Nations Unies, les pays de l’UE ont exporté un peu plus de 1 milliard de kg de déchets plastiques hors de l’UE en 2021, dont 65 % via l’Allemagne (284 millions kg), les Pays-Bas (235 millions de kg) et la Belgique (134 millions de kg). La Belgique exporte principalement vers la Turquie (46,8%), la Malaisie (20,3%), le Vietnam (17,4%), l’Indonésie (12,8%) et l’Inde (4,2%).

Impact sur les personnes et la nature

Le colonialisme des déchets est une dure réalité pour de nombreux pays à travers le monde. Les pays développés exportent souvent leurs déchets plastiques vers des pays dont la capacité de recyclage est limitée, ce qui a un impact supplémentaire sur ces communautés. Dans des pays comme le Cameroun, le Ghana et l’Indonésie, les plastiques finissent dans la nature en les brûlant en plein air, via des décharges (illégales) et rejoignent les océans par les rivières. Mais cela ne s’arrête pas là... Les plastiques s’y décomposent en microplastiques et trouvent leur chemin dans notre chaîne alimentaire.

Première étape importante

Avec l’interdiction d’exporter des déchets plastiques, l’Europe ouvre la voie vers une économie plus innovante et circulaire. Une vraie victoire pour les générations futures. Mais la prudence reste de mise. Certains pays européens et pays candidats à l’UE, comme l’Albanie, ne disposent pas de l’infrastructure et de la capacité nécessaires pour recycler leurs propres déchets plastiques. Nous devons veiller à ce qu’ils ne deviennent pas la fosse à déchets de l’Europe.

Ensemble pour un monde plus propre

Est-il possible pour les pays de l’UE de traiter leurs propres déchets ? Absolument. Un changement est possible, à condition que la capacité de recyclage au sein de l’UE soit augmentée, que la réutilisation soit accrue et que les produits soient conçus de manière plus durable. Par ailleurs, la division historique des exportations par deux entre 2017 (1,9 milliard de kg) et 2021 (1,0 milliard de kg), démontre la faisabilité des ambitions.

Le recyclage est une étape importante, mais ce n’est pas la panacée à notre problème de plastique. En tant que consommateurs, en tant qu’entreprises et en tant que gouvernements, nous devrons faire des choix conscients pour proscrire le plastique à usage unique de notre vie quotidienne, faire davantage d’efforts pour collecter intégralement les déchets plastiques et les recycler correctement.